Le problème ce n’est pas « lire des livres » ou « ne pas en lire ». Le problème c’est que beaucoup de personnes lisent des essais sans avoir les bases nécessaires pour comprendre ou juger de la qualité des affirmations. On peut lire 52 « bons » essais par an et mal penser.
Par exemple, ça m’amuse les personnes qui disent « comprendre la philosophie » et en lisent beaucoup. Qu’est-ce qui « fait croire » que vous avez l’appareil critique nécessaire pour comprendre ce que vous lisez ? L’écoute assidue de votre professeur•e de lycée ?
L’autre chose qui m’amuse c’est de voir des gens critiquer des auteurs/autrices — beaucoup plus des autrices — quand c’est la tendance du moment. Il y a des propos, spaces en boucle sur bell hooks (même de féministes) qui trahissent le fait qu’on ne lit pas ou lit « mal ».
Nos ancêtres, que vous définiriez aujourd’hui comme des « illettré•e•s », avaient plus d’intégrité que nous. Lutter contre l’esclavage, la colonisation demande une intégrité que nous n’avons pas. On n’a pas besoin de lire N essais pour avoir de l’intégrité et lutter.
La forme d’anti-intellectualisme dans les milieux africains/noirs la plus dangereuse vient de personnes qui « namedrop » des auteurs/autrices sans prendre le temps de les lire, qui recommandent/critiquent des ouvrages sans avoir lu. Parce qu’il s’agit d’un manque d’intégrité.
Préfère faire communauté avec des gens qui ne lisent pas mais ont de l’intégrité, qu’avec des gens qui sacralisent des livres…sans jamais lire/finir les livres en question. On se croit si « conscient/supérieur•e » qu’on ne fera jamais l’effort d’apprendre à « bien » lire.
On est la génération qui a grandi avec l’histoire du Rwanda puis aura vécu la Palestine, la RDC, le Soudan (etc)… sans prendre les armes. Mais on est si « radical »/« déconstruit » avec son Fanon/Sankara en mains qu’on méprise les personnes « qui ne lisent pas ». La blague !
@ghislainY_ Je suis assez d’accord avec le fait de mettre en avant l’intégrité avant le reste pour ce qui est des militants et “organisations” politiques/média mais je ne pense pas que ce sont des valeurs humaines qui différencient les générations.